Les Ardailloux

Le bataillon « Geoffroy » : sur le Chemin de Mémoire

La ferme des "Ardailloux", PC et infirmerie du bataillon « Geoffroy »


    Cet article est un résumé de la deuxième partie du journal de marche du bataillon « Geoffroy ». Journal rédigé par le chef de bataillon, Jean Vermont.

Lire l'article consacré à la création du bataillon dans l'usine de Fumel.

Le bataillon « Geoffroy » hors les murs de la SMMP

    Le 5 juin, Vermont ordonne la mobilisation générale. Il demande à tous ses hommes de quitter leur poste dee travail et de prendre le maquis. Les premiers sabotages ont lieu. A la gare de Libos, les voies sont bloquées par la destruction sur les rames en attente des roues des wagons de tête et de queue. La ligne Libos-Cahors est sabotée à l’Est de Soturac et une locomotive bloque la voie à la hauteur de Duravel.

    Le 7 juin, 4 cantonnements sont établis. Les armes sont sorties de leurs caches, nettoyées et distribuées. Vermont installe son PC à la « Ferme brulée », près de « Maritole », à Montayral. Des liaisons permanentes entre lieux de stationnement sont établies. Le ravitaillement est assuré. Le contenu des wagons de la gare de Libos est mis à profit pour améliorer les installations d’hébergement des maquis.

    Par précaution, le 20 juin, Vermont déplace son PC au Tiple. Parallèlement, la situation sécuritaire de Fumel se dégrade. Des bandes de pillards venues de la Dordogne vident les magasins et les boulangeries de la ville. En réponse, il organise des postes de gué et des tournées de surveillance pour éloigner le danger. Le renseignement est développé pour anticiper tout risque.

    Le 27 juin, jugeant sa position au Tiple trop précaire, Vermont décide de se déplacer aux « Ardailloux », en face du château de Bonaguil. Le 3 juillet, une colonne allemande fusille 9 personnes à Tournon-d’Agenais. Craignant pour la sécurité de ses six patients, le docteur Boquet obtient leur transfert aux « Ardailloux ». 2 infirmières de la SMMP quittent leur poste à la SMMP pour s’occuper des soins dans la ferme qui devient l’infirmerie du bataillon. La qualité du travail effectué est telle que les principaux maquis de la région y envoient leurs propes blessés.

    Un débarquement possible des Alliés sur la côte atlantique impose à Vermont la nécessité de préparer différents plans pour déstabiliser l’ennemi et aider les Anglo-Américains. Un terrain pour un débarquement aérien est identifié à Salles. Des plans de neutralisation des bureaux de Poste et des lignes de chemin de fer sont mis au point. La guérilla doit être totale.

    Vermont ne perd pas de vue le ravitaillement de la population. A l’aide de son matériel roulant, il organise le transport du blé et de la farine. Pour priver les Allemands et les pillards des récoltes de céréales, il institue des piquets de garde près des batteuses et des gerbières.

    La position des « Ardailloux » se révelle particulièrement sécurisante. Vermont y regroupe tous ses groupes à partir du 13 juillet. Le lendemain est le jour de la Fête Nationale. Georges Archidice, lieutenant-colonel des FFI vient faire un discours de circonstance.

    La semaine suivante, le bataillon réceptionne un nouveau parachutage sur le terrain de Pech Peyrou, qualifié comme le meilleur de la région. Le 19 juillet, bénéficiant de la complicité d’un ancien gendarme fumélois qui l’informe d’une opportunité pour aller récupérer le stock d’armes de sa caserne située à Villeneuve-sur-Lot, Vermont lance l’attaque de la Gendarmerie villeneuvoise. En moins d’un quart d’heure, l’armement et le matériel est chargé sur les camions qui repartent aussitôt vers Fumel.

    Le 22 juillet, à 5 heures du matin, des groupes de Résistance appartenant au réseau « Vény » se rassemblent à Duravel. Ils forment une colonne de 28 véhicules qui prend la direction de Gramat (Lot). Le but de cette mission est la récupération de dizaines de tonnes de matériel parachuté par 60 avions neuf jours auparavant. Les Allemands investissent la région et se confrontent aux forces locales FFI. Le combat est âpre. Les véhicules venus de Duravel, une fois chargés, reprennent la route en pleine nuit, à la barbe des Allemands. La colonne est de retour à Duravel le lendemain à midi.

    Disposant d’un armement suffisant, il faut maintenant augmenter les effectifs. Le 24 juillet, Vermont se rend au camp de Sainte-Livrade-sur-Lot pour enrôler des éléments des colonies ainsi qu’une partie de leur encadrement. A la fin du mois, le bataillon est rejoint par tous les Sénégalais cantonnés à Castelfranc (Lot). Au même moment arrivent aux « Ardailloux » tous les éléments du Chantier de Jeunesse de Sainte-Livrade-sur-Lot accompagnés de leur encadrement. Tout le matériel, les armes et les vivres suivent le même chemin.

    2 parachutages sont annoncés. Le premier fin juillet aux « Ardailloux ». La configuration du terrain n’étant pas idéale, la récupération des cylindres est compliquée, certains sont accrochés à des arbres. Le second a lieu le 6 aout. Les 19 conteneurs sont partagés avec le PC départemental de la Résistance.

Naissance du bataillon « Geoffroy »

    Le 1er aout 1944, sur ordre du colonel « Beck », président du Comité Départemental de Libération du Lot-et-Garonne, les compagnies « Doillé » et « Kleber » se joignent au groupe de Jean Vermont. Sous le commandement de ce dernier, la nouvelle unité prend le nom de bataillon « Geoffroy ». Son effectif atteint alors 800 hommes.

    Le 6 aout, Vermont réorganise le bataillon en le découpant en 3 compagnies de combat et une CHR (Compagnie Hors Rang) pour la logistique. Le 7, 2 camions du bataillon apportent leur aide à un groupe de résistants du côté de Laugnac, près d'Agen.

    A la même époque, Vermont organise un raid sur l’aérodrome de Cahors pour ramener 2 avions en état de marche. L’opération réussit, mais Schaeffer et Mirassou ne rentrent pas. Tombés en panne de moto à Pradines, le premier est abattu puis achevé à coups de crosse par des Russes supplétifs des Allemands et le second est emprisonné puis enchainé à d’autres résistants il est tué à coups de grenades avant d’être jeté dans un fossé.

Le débarquement de Provence est en vue

    Le débarquement de Provence est proche. Les autorités de la Résistance ordonnent la mise en œuvre des plans qui doivent neutraliser tous les moyens de communication de l’ennemi sur l’axe Bordeaux-Méditerranée.

    Le 12 aout, le PC département des FFI, demande au bataillon d'aller s'installer à « Combebonnet » sur la commune d’Engayrac, à l'Est d'Agen. Il a pour mission, la destruction de la voie ferrée Agen-Toulouse et d’empêcher toute circulation routière sur la route nationale voisine.

    Au cours de la seconde reconnaissance, le 15 aout au lieu-dit « Marquet » sur les hauteurs dominant la Garonne, le groupe d’officiers commandés par Vermont est pris sous le feu de fusils mitrailleurs et de mitrailleuses allemandes. 4 hommes sont tués : Brunold, Kuntz, Mournetasse et Redoulès. Vermont est grièvement blessé à l’épaule gauche. Il a des difficultés pour obtenir de l’aide auprès de paysans qui se montrent peu coopératifs. Il est enfin ramené à la clinique du docteur Boquet à Salomon sur la commune de Saint-Vite-de-Dor.

    Le 17 aout, le commandant Dupré remplace Vermont et fait procéder à la destruction de la voie ferrée du côté de Lafox, à l’Est d’Agen. Le 19, à la suite du débarquement Allié en Provence, les Allemands quittent précipitamment Agen pour ne pas être coupés de leurs lignes de repli. Les maquis entrent dans la préfecture du département libérée.

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