Lastreilles

 

Une unité « Prosper » à Lastreilles : sur le Chemin de Mémoire

 

Eglise de Lastreilles

       Nous ne savons pas exactement quand, où, qui et combien de temps, un détachement du bataillon FTP-F « Prosper » a stationné dans ce secteur. Selon les dires des habitants des environs, au lendemain de la guerre, des maquisards étaient cantonnés près de l’église de Lastreilles, sur la commune de Saint-Front-la-Lémance (47). En essayant de recouper les récits avec la topographie, il semblerait qu'il s’agisse du hameau de « Coudet ». La présence en ce lieu n’a pas dû dépasser une quinzaine de jours. Rester trop de temps au même endroit constitue un risque majeur : filatures par les forces de répression, dénonciations… Pour ce qui concerne la période, là non plus pas de date. Nous pouvons cependant supposer qu'elle doit être comprise entre l’automne 1943 et l’été 1944.

    Pourquoi les « Prosper » ont-ils choisi ce hameau ? Peut-être parce qu’un homme qui appartient au groupe, Walter Habicht de Fumel, doit avoir entendu parler ou connaître cette région très boisée du Nord-Fumélois.

    En octobre 1943, Ludovic Estrayer, chargé de mission par le Parti Communiste clandestin vient à Villeneuve-sur-Lot pour rencontrer son homologique local Gabriel Laguille. Il lui demande de constituer, en s'appuyant sur les réseaux locaux du PC, un groupe FTP-F dans l'arrondissement de Villeneuve, afin de lancer la lutte armée dans ce secteur. Dès lors, Laguille devient un agent recruteur avec pour mission de créer une structure combattante permettant au Parti Communiste de prendre pied dans la lutte armée. Durant l'automne et l'hiver 43/44, une première formation d'une trentaine de personnes se constitue au lieu-dit « le Pech de Rayssac » près de l’actuel marché-gare de Villeneuve.

    D'octobre 1943 à juin 1944, le groupe participe à divers actes de guérilla. Il est aussi partie prenante dans la tentative avortée d’évasion des prisonniers politiques de la Maison Centrale d’Eysses en février 1944. le 30 mai, les 1 200 détenus sont entassés dans des wagons à bestiaux à la gare de Penne-d’Agenais. À quelque trois cents mètres de cette gare, le bataillon essaye vainement d’arrêter le convoi en partance pour les camps de concentration allemands. L’explosion sur la voie ferrée se produit trop tard, seul le wagon de queue est endommagé.

    Préparés au combat, au lendemain du débarquement allié, les résistants se regroupent sur le plateau de « Cailladelles » à Castelnau-de-Gratecambe (47) avant d'aller sur le théâtre des opérations dans le Sud-Dordogne (combats de Mouleydier, Mussidan…). L'organisation devient stable au cours de l’été 1944. Ils prennent le nom de « Prosper » (à ne pas confondre avec celui de Prosper-Physician du S.O.E.) qui est aussi l’alias dans la clandestinité de Ludovic Estrayer, arrêté à Agen le 27 mai et torturé par la Gestapo au point de devoir l'hospitaliser à Agen puis à Toulouse.

    Début août 1944, l’effectif du bataillon approche les 800 personnes. Il est engagé dans plusieurs combats tels celui d’Artigues, le 5 août, et celui de Prayssas, les 13 et 14 août. Il achève sa campagne par sa participation à la libération d'Agen, le 19 août.


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