Les Escaliers

  

Ecole des Cadres : sur le Chemin de Mémoire

La ferme du Theil près des Escaliers

    « Tom », du maquis « Soleil », est chargé de repérer un lieu de possible cantonnement pour installer une « Ecole des Cadres ». Il retient le secteur des « Escaliers » sur la commune de Sauveterre-la-Lémance (Lot-et-Garonne). C'est un emplacement idéal, à a proximité immédiate de la Dordogne et du Lot.

    Il prend contact avec un habitant du hameau. Il s’agit de M. Teyssandier invalide de guerre gravement blessé au cours du premier conflit mondial. Cet homme nourrit une solide haine à l'égard des Allemands, ce qui le pousse à aider les maquis dans leur combat. Il propose de prêter au groupe une ferme abandonnée, au milieu des bois, au lieu-dit « Le Theil », sur la commune de Montcabrier (Lot).

    Les bâtiments du corps de ferme sont adaptés pour héberger une structure de type école pour les futurs cadres des Groupes Francs du maquis « Soleil ». En cas de danger, il est facile de quitter les lieux discrètement pour se rendre vers un autre point de chute en empruntant les nombreux chemins sillonnant ce secteur boisé.

    L’ouverture de l'école est décidée pour le 25 janvier 1944. Son effectif de départ est de 40 élèves. Il passe à 100 où 120 à partir du 15 février. René Dessalien, alias « Rase-Mottes », est désigné responsable de l’instruction et de la formation des groupes.

    Le mot d’ordre de l’école est le suivant : « Chacun doit tirer la charrue dans le bon sens, tous doivent pouvoir compter sur tous. Il sera un devoir pour chacun de participer, réfléchir, chercher, calculer, donner son propre point de vue, en un mot : faire corps. »

    Les objectifs de l’école doivent permettre aux élèves d’acquérir :

  • un apprentissage au maniement des armes (fusil, mitraillette, fusil-mitrailleur…),

  • les méthodes de fabrication et d’utilisation de matériel explosif (grenades Gammon, …),

  • les techniques de guérilla pour affronter des unités militaires organisées (armée allemande, G.M.R, Milice, …).

    L’instruction et la garde du camp sont assurées par des Républicains espagnols, anciens de la guerre d’Espagne donc expérimentés. Ils viennent, pour la plupart, du groupe « Carlos », basé dans le Lot. A l’origine, ce sont des M.O.I. (Main-d’œuvre Immigrée) qui ont pris le maquis à partir des années 42/43, à la suite de la répression entamée par les forces d’occupation et leurs supplétifs français.

    Occasionnellement, Peter Lake, alias « Jean-Pierre », agent du S.O.E. britannique en Dordogne-Sud, vient leur donner quelques rudiments concernant :

    A la fin du stage, l’état-major du groupe désigne, après avis du directeur de l’école, les chefs de groupes francs. Lesquels choisissent 4 ou 5 combattants pour constituer leur équipe.

    Chaque groupe est équipé d’un revolver pour le chef, de mitraillettes Sten pour les hommes et d’un fusil-mitrailleur Bren. Il reçoit une somme d’argent et un véhicule. Il doit ensuite se débrouiller pour survivre et mener ses actions subversives de manière autonome. Il a pour obligation de revenir chaque semaine au poste de commandement du maquis pour rendre compte du résultat des actions menées et recevoir le « programme » pour les jours suivants.

    La stratégie de répartition des maquisards en petits groupes mobiles s’avère payante. Totalement indépendants les uns des autres, ils sont moins vulnérables aux tentatives répétées d’infiltration par les polices allemandes et vichystes. L’école permet aussi d’intégrer rapidement tous les jeunes réfractaires au S.T.O. qui se pressent aux portes du maquis.

    Le 19 mai 1944, l’école ferme définitivement, et à son tour, « Rase-Mottes » constitue son propre groupe franc en désignant comme chauffeur Paul Limousi (à l’initiative de ce Chemin de Mémoire en 2012), alias « Georges », 19 ans en 1944.


    Dans la nuit du 20 au 21 mai 1944, à Montauban, le Q.G. de la Seconde Division Blindée « Das Reich » donne l’ordre au régiment « Der Führer » cantonné à Caussade (Tarn-et-Garonne), d’engager une vaste opération contre les maquis, sur un front allant de Villeneuve-sur-Lot (47) à Frayssinet-le-Gélat (46). C’est la grande rafle du 21 mai 1944 qui ensanglante Vergt-de-Biron, Lacapelle-Biron, Gavaudun, Salles, Fumel, Monsempron-Libos, Montagnac-sur-Lède, Frayssinet-le-Gélat. Ce jour-là, les Allemands procèdent à des arrestations dans le hameau de « La Tournerie », voisin de la ferme du « Theil ».



Posts les plus consultés de ce blog

La rafle du 21 mai 1941 à Lacapelle-Biron

Condat

Le maquis « Alexis » à Touzac