Libos
John Torikian : sur le chemin de Mémoire
Au cimetière de Libos, encorbellement de la tombe de John Torikian |
John Torikian est né le 27 avril 1927 à Châteauneuf-du-Pape dans la Drôme. Les persécutions dont furent victimes les Arméniens incitèrent ses parents à fuir leur pays et à venir se réfugier en France. Avant la Seconde Guerre Mondiale, l'usine de Fumel recherche des travailleurs. La famille Torikian vient alors s'installer dans la cité ouvrière du Chemin-Rouge.
Tout en apprenant un métier au Centre des Apprentis de l'usine SMMP, John fréquente des résistants qui appartiennent à une cellule clandestine du Front National de Libération de la France. Ce réseau a été créé à Montayral par le Parti Communiste dès 1941. John se charge de diffuser les mots d'ordre auprès de ses camarades de travail.
Quand les Allemands occupent la zone Sud, en novembre 1942, le jeune John, avec l'un de ses camarades, falsifie ses papiers d'identité pour s'enrôler dans le maquis de la compagnie « Dollé » installée au Nord de Trentels.
Le 10 août 1944, la Résistance locale reçoit l'ordre de l'état major F.F.I. de ralentir la remontée des troupes allemandes vers les zones de combat situées au nord de la Loire.
Le 17 août au matin, à Laspeyres sur la nationale 113, une section du groupe « Dollé » a pour mission de couper l’axe routier reliant Agen à Toulouse. A la hauteur du « Moulin du Noble » sur la commune de Saint-Jean-de-Thurac, ils accrochent 2 camions allemands qui roulent en direction de Toulouse. Le combat s’engage et les maquisards poursuivent l’ennemi en lui infligeant des dégâts jusqu’au pont sur le canal à l’Est de Laspeyres. Les « Dollé » se replient pour essayer de les prendre à revers en passant sur l’autre rive du canal au niveau du « Noble ».
A 10 h, à peine revenus à leur point de départ du « Noble », 200 miliciens, embusqués au pied de la colline faisant face au pont sur le canal près du moulin, fauchent les hommes d’un feu nourri. John Torikian est grièvement blessé et se met à l’abri des tirs. A midi, le combat est terminé.
Une folie meurtrière s’empare des miliciens. Ils se ruent sur les blessés et les rouent de coups. Les plus atteints physiquement succombent comme John Torikian, âgé de 17 ans. Le bilan est lourd, il y a 7 tués, 9 blessés et 8 prisonniers parmi les maquisards.
Les dépouilles des maquisards sont ramenées au château de Lalande, près de Saint-Sylvestre-sur-Lot. Certaines d'entre elles sont méconnaissables. Le père de John peut identifier son fils grâce aux chaussettes tricotées par sa femme. Celle-ci n'a pas le droit de voir le corps de son enfant.
Article paru dans « France Arménie » – n°135 de juin 1994 :