« Bayard » à la ferme de « Carayac »
« Bayard » à la ferme de « Carayac » : sur le Chemin de Mémoire
Au printemps 1944, le groupe « Bayard », commandé par le sulfureux Charles Martin, occupe une ferme isolée sur les hauteurs de Blanquefort-sur-Briolance, au lieu dit « Carayac ».
Le passé problématique de Charles Martin
Charles Martin est né à Abbeville (Somme) le 13 mars 1900. Militaire au moment de la débâcle de mai-juin 1940. Il arrive en Dordogne en juillet de la même année. Il est démobilisé à Issigeac, où il y reste deux ans. Quand les réquisitions pour le STO se font pressantes, des jeunes requis le rejoignent. Ses activités sont entachées de suspicions. Lorsqu’il tente de créer une maison close, l’adjudant de gendarmerie lui remet un laissez-passer pour qu’il quitte la cité.
On le retrouve ensuite à Eyrenville (24), au Nord-Ouest de Castillonnès et à Jumilhac-le-Grand (24), au Nord-Est de Thiviers. Il vit alors de diverses occupations, la rumeur parle de marché noir.
Le groupe « Bayard » à Carayac
Lors de sa tentative d’installation près de Monpazier, il subit un refus de la part de René Coustellier du groupe « Soleil » de Belvès. En décembre 1943, il se replie sur Carayac où il reconstitue son PC. Son groupe de réfractaires au STO séjourne dans cette ferme durant le printemps 1944.
« Bayard » fait régner une discipline de fer dans son campement. Bien qu'il soit en contact avec le SOE pour lequel il exécute quelques actions, il adopte une attitude attentiste. Ce qui provoque des dissensions parmi ses hommes. Certains sont impatients d'en découdre avec l’ennemi. En juin 1944, il abat froidement un de ses lieutenants, Goulfié, dit Pierrot, d'une balle dans la tète parce qu'il a pris contact avec d'autres groupes de maquis.
Vers la Libération du territoire
Fin mai de la même année, la présence de l'occupant allemand dans le secteur l'oblige à se déplacer de nouveau vers une autre ferme, au lieu-dit « Bourrier » près de Fontenilles (24).
Des Sénégalais, libérés du camp de Mauzac, en Dordogne, stationnent aussi à Carayac. Ils suivent « Bayard » lors de son transfert vers Fontenilles. Depuis cette base, vers le 14 juin 1944, « Bayard » participe aux combats de Mouleydier. Le 20 août, il participe à la libération d'Agen. Le 21 août, il quitte définitivement le camp de Fontenilles. Le 23 août, il participe à la libération des villes de Marmande, La Réole, Cadillac, Langoiran, Bordeaux puis Lesparre. Sa conduite lors des combats de la Pointe de Grave est jugée courageuse.
La justice rattrape Charle Martin
À la Libération, Charles Martin est rattrapé par l’affaire Goulfié, la sœur de ce dernier ayant porté plainte pour meurtre. Charles Martin est condamné le 29 janvier 1948 à dix ans de réclusion et à la dégradation militaire. Il est amnistié par la loi du 31 juillet 1968.